• Ironie.

    Ironique. L’on m’en a parlé une fois ou deux. Que l’on m’en qualifie par contre, il s’agit là d’une première. Et moi? Je m’en esclaffe, je rigole, je jubile. L’ironie, je la vois tous les jours et je l’emploie constamment. L’ironie est le procédé formel qui pimente ma vie. La platitude d’une phrase vide m’endort. Quant au sens propre et littéraire, ils agissent sur moi tel du venin, obstruant mon œsophage jusqu’à ce que je ne puisse plus respirer. Le non-dit est mon masque à gaz, l’illusion, ma trachéotomie.

    Et toi? Tu jubiles aussi. Tu es l’ironie qui m’aide à respirer. Ta seule existence qui contredit toutes les normes agit sur moi tel un aimant. Ce magnétisme, tu le connais, tu le ressens toi aussi, mais ta liberté t’oblige à l’oublier, alors que moi, je reste là, les bras battants, à te regarder et à attendre en silence que tu m’en offres plus. J’attends que tu me regardes, que tu poses surmoi un regard entendu, empli d’une complicité commune. Ironiquement, mon rire sans toi est faux, mon existence n’est plus qu’une façade. Mais toi, dans ton inépuisable liberté, tu gardes les pieds sur terre et, partout où tu vas, tu t’imposes tel un maître absolu.

    L’ironie est ma carapace que seul toi parviens à briser, d’un seul et unique coup de poignard. Violence, voilà ce que tu as toujours été. Tu aimes le sang, la chair et la vie. Si tout comme moi tu te camoufles derrière l’ironie, tu demandes aux autres une vérité déstabilisante. Les larmes, elles ne te gênent pas le moins du monde, les rires non plus.

    Tu te tiens grand, droit et fier. Tes craintes, personne ne les connait. Elles sont enfouies quelque part au fond de ton être là où personne n’a accès. À toi seul, tu parviens à composer la plus grande énigme de ma vie, et tu le sais, ça me rend malade, alors que toi, tu me lis comme un livre ouvert.

    Je suis tout entière devant tes yeux. L’ironie laissée de côté, je te balbutie des paroles sincères, attaquée soudainement par le trac. En ta présence, un voile tombe et je suis toute à toi, sans le moindre faux semblant. Ton regard me perce et je me sens mise à nue et, devant toi, je m’offre tout entière.

     

     


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